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Billet d'humeur : indignations

Notre société est indécente, de plus en plus indécente, et cynique. Trois exemples.

D’un côté, en Gironde, un gamin de sept ans est retiré, devant ses camarades, de la cantine par un policier municipal en raison d’un impayé de 800 € de sa mère. De l’autre côté, Vincent Bolloré est en train de dépecer Arnaud Lagardère ; les hyènes capitalistes se dévorent à coups de millions de. En face, Emmanuel Macron l’opportuniste, qui sort le chéquier, du moins il promet du pognon à presque tout le monde en prévision des élections présidentielles de 2022, et nous ne sommes qu’en début de campagne officieuse, ce qui lui permet de servir sa soupe à la grimace réchauffée, aux frais des contribuables.

D’un côté, on humilie un enfant de sept ans victime de la paupérisation galopante, pour 800 € ; par parenthèse, la maire du village aurait-elle oublié d’être mère ou qu’elle l’a été ? En face, nonobstant qu’Arnaud Lagardère n’est visiblement pas du même acabit que feu son paternel, Vincent Bolloré, le milliardaire fascisant, se bâfre des joujoux médiatiques de son pote de la Haute pour en avoir toujours plus, quand bien même il n’emportera rien dans sa tombe ; mais bizarrement personne ne s’émeut de cette grave atteinte aux libertés de la presse au profit d’un matraquage idéologique illibéral. Quant à son ami indéfectible, Emmanuel Macron, le bonimenteur menteur, il n’a rien à lui envier dans le registre du mépris des classes et de la soif de pouvoir ; il peut même se réjouir de cette OPA sur des médias qui rouleront probablement pour lui.


Ne vous faites pas d’illusions, ces gens-là ne feront rien pour défendre l’écologie, ils ne feront rien pour s’attaquer au réchauffement climatique, du moins rien de plus que le minimum nécessaire afin de se dédouaner au rabais. Pour ces gens-là, vous pouvez crever petites gens, vous pouvez être humilié à sept ans pour 800 € de cantine. On ne ménage pas les plus pauvres, ils n’ont aucune valeur ajoutée, on ne ménage que les nantis. Ces gens-là ne lèveront pas le petit doigt pour établir une équité et une égalité sociales. Ces jours-là préfèrent se payer un tour dans l’espace.

Si le peuple ne se réveille pas, il pourra crever la bouche ouverte. Car le pouvoir et l’argent rendent fou, vaniteux, égocentrique et sourd. Plus trivialement, ils rendent profondément con.


L’inhumanité règne, elle est de plus en plus criante, à en être criarde, omniprésente, omnipotente. Mais ça dérange qui ? Tout le monde se plaint et subit dans son coin, sans pour autant se bouger. Si, d’aucuns sortent dans la rue pour défendre une liberté présumée ou prétendue fondamentale : le respect du droit à l’individualisme, au chacun pour soi. C’est du moins cela qui ressort en filigrane de l’ire des antivax.

L’inhumanité est partout depuis que la Finance mène le Monde à sa perte. On abandonne froidement des centaines d’Afghans ayant servi la France à une mort certaine ; en Chine, on éradique un peuple, les Ouighours, dans l’indifférence générale ; les états autoritaristes exploitent, torturent et assassinent les contestataires ; la démocratie n’est plus qu’une arlésienne qui se vautre dans l’hypocrisie. Au mieux, c’est moins pire qu’ailleurs, mais il n’y a pas de quoi se gausser.

L’humain est sans pitié pour l’humain. Ou indifférent à tout ce qui ne le concerne pas de près ou de loin. Loin des yeux, loin du cœur et après moi le déluge.

L’inhumanité est galopante depuis que l’immédiateté empoisonne les quotidiens. On n’a plus le temps de vivre. On consomme de tout sauf du bonheur et des petits plaisirs, ai-je fréquemment le sentiment. Nos sociétés prétendument modernes sont celles de la froide rentabilité et de la distance sociale générée par les réseaux sociaux.

Je trouve hallucinant le choix des priorités populistes actuelles. Depuis des semaines, on manifeste contre l’obligation du vaccin et du passe sanitaire, alors que les injustices sociales sont légion et déshumanisantes, les droits du travail sont mis en lambeaux, des travailleurs sont exploités, les pauvres sont stigmatisés, notre planète est détruite. Devant ce constat loin d’être exhaustif, il faudrait des millions de citoyens dans la rue et personne ne se bouge. Comme si ces injustices étaient entrées dans la normalité d’une société soit trop fataliste, soit trop égoïste pour manifester pour autre chose qu’une liberté factice, voire puérile.

Je regrette de ne plus être en capacité de me battre sur le terrain, de ne plus pouvoir soulever des montagnes, comme avant. Je regrette de n’avoir plus que mes mots pour exprimer mon indignation et ma tristesse de voir notre Terre et tous ces humains écrasés par la cupidité d’une minorité hégémonique. Je déplore par ailleurs une pauvreté culturelle galopante qui fait le lit des complotistes, des crédules adeptes des contrevérités d’un Zemmour haineux jusqu’à la nausée.


Comment éveiller les consciences abruties par des addictions consuméristes et des conditions de vie destructrices ? Comment apporter de la lumière et faire de la justice sociale une réalité ? Comment faire de la tolérance un moteur de vie universel ?

Qui est prêt à remettre en question son mode de vie, à renoncer à certains consorts pour le bien de l’humanité, pour sauver tout ce qu’il est possible de sauver de la Terre, de la vie donc ? L’humain est face à lui-même, face au destin de l’humanité. Rien ne se fera de la part de nos dirigeants si le peuple, si le monde toute entière ne se fait pas entendre.

Aléa jacta est.

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